Au bord de l’eau
Ce soir, le ciel s’adoucit Et d’un bleu tendre se vêt Le fleuve, au large, s’étend, Sa surface ambrée se met À jouer au doux reflet.
Les flots par le vent caressés Tremblent, et d’un souffle léger Se plient, se déplient, s’enlacent… La nuit s’apaise, et dans les larmes Se voient des étoiles blémies.
Jamais, dans la fatigue, un rêve, Je n’ai vu aussi pur, aussi doux, Ce que l’on peut voir les jours d’ennui, Sous un clair de lune.
Mêlez-vous, ô tendres pensées, À ce tableau qui m’enchante. Je n’entends pour vous que de doux, Doux souvenirs qui m’assiègent.
Surface calme! Ainsi, si bas, je ne ferai qu’un budget
Avec ce que j’ai connu, de crainte, Dans cette nuit ensorcelée.
- François Coppée